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Jun 07
Il s’est écoulé beaucoup de temps depuis la dernière fois où j’ai publié un billet sur mon blogue. Mon désir de partager mon histoire m’a amenée à réaliser deux projets pour tenter de rejoindre le plus de monde possible. J’ai donc terminé l’écriture de mon histoire que j’ai publiée en livre numérique. Vous pouvez donc maintenant connaître tout mon récit en achetant la version kindle de mon livre sur Amazon. J’ai intitulé ce dernier: Cette autre réalité: le récit de mon trouble bipolaire du post-partum. Cliquez sur ce lien pour y accéder et en faire l’achat: https://amzn.to/31kOcxp.
D’autre part, l’automne dernier, j’ai débuté ma propre chaîne YouTube (en français et en anglais) pour publier mon histoire en vidéo (un chapitre à la fois) en plus de partager des informations sur les troubles de l’humeur et de l’anxiété du post-partum. Ma chaîne contient aussi des interviews avec des mères qui ont vécu un trouble de l’humeur du post-partum. Mon mari partage aussi son expérience et son point de vue par rapport à mon expérience du trouble bipolaire du post-partum. Je vous invite à jeter un coup d’oeil à ma chaîne et à vous y abonner:
https://bit.ly/2SWJkJU
Apr 22
J’ai une révélation à vous faire.
Une forme d’aveu que je ne peux taire.
Quand mon fils n’avait que quelques mois
et que je le serrais tout contre moi,
je ne ressentais pas un grand attachement envers lui.
Je n’appréciais pas vraiment le temps passé en sa compagnie.
Quand je me réveillais le matin pour l’allaiter,
j’attendais impatiemment qu’il finisse de téter
afin de le confier à mon mari
et retourner dans mon lit…
jusqu’au prochain pleur de faim
qui ne réclamait que moi pour y mettre fin.
J’étais mieux dans mes draps
qu’avec lui dans mes bras.
Une fois levée, j’étais encore fatiguée et pas motivée
à passer mon temps à l’occuper.
Je n’avais pas le goût des « ga-ga », des « coucou »
ni des bisous.
Je le faisais par principe
et non remplie d’amour dans mes tripes.
C’était presqu’une corvée
plutôt qu’un plaisir partagé.
Bien lové contre mon sein, ses sourires et ses babillages de contentement
n’avaient pas sur moi d’effet attendrissant.
Je préférais ne pas me retrouver seule avec lui
recherchant le plus souvent la présence d’autrui.
J’étais très anxieuse.
Je ne savais pas pourquoi je n’étais pas heureuse.
Mon rôle de mère m’apparaissait comme un fardeau.
Une charge de trop…
Je me disais que je n’étais pas à la hauteur
et en public, je refoulais mes pleurs.
Derrière mon sourire de nouvelle maman
se cachait mon véritable tourment.
Et c’est ainsi que la dépression
s’était installée sans invitation
dans ma nouvelle vie de mère
en y imprégnant son goût amer.
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Savez-vous que 15 à 20 pour cent des mamans souffrent de dépression post-partum? C’est un grand pourcentage! Pourquoi en parle-t-on si peu? Pourquoi encore tant de tabous l’entourant? Pour que les femmes qui en souffrent cessent de se cacher et de subir leur douleur en silence, il faut s’informer, en parler et cesser de juger. La dépression post-partum, ça se soigne et il n’y a pas de honte à devoir prendre des médicaments pour la vaincre. J’ai reçu des soins appropriés et j’ai retrouvé mon plaisir de vivre et d’être mère. (Dans mon cas, je vivais un début de dépression reliée à mon trouble bipolaire du post-partum, les symptômes étant toutefois les mêmes qu’une dépression post-partum). La maternité n’a pas à être vécue dans la peine et le tourment. Chaque maman mérite de connaître toutes les joies et les bénédictions que son bébé peut lui procurer.
Si vous souffrez d’une dépression post-partum, vous pouvez manifester les symptômes suivants ou certains d’entre eux :
Symptômes de dépression post-partum :
- Tristesse et/ou irritabilité extrême
- Ne peut penser clairement ou prendre de décisions
- Manque d’intérêt ou de plaisir dans les activités
- Sentiments de culpabilité, particulièrement au sujet du bébé
- Appétit accru ou diminué
- Se sent inadéquate, particulièrement en tant que mère
- Besoin de sommeil accru ou diminué
- Pensées de suicide ou d’acte autodestructeur
- Fatigue extrême
Source : Société canadienne de psychologie
Note importante : Ces informations sont données à titre de renseignement. Elles ne remplacent en aucun cas un avis médical. Si vous pensez avoir des symptômes de dépression post-partum, n’hésitez pas à consulter votre professionnel de la santé qui pourra alors poser un diagnostic adéquat. Vous n’êtes pas seule. Il y a de l’espoir.
Mar 18
Le 1er mars, mon mari et moi avons passé une audition avec l’intention de participer au spectacle This is my Brave (http://thisismybrave.org/) dont la mission est de mettre fin à la stigmatisation reliée à la maladie mentale. Chaque participant de ce spectacle vit avec une maladie mentale et présente un essai, un poème ou une chanson. Ayant voyagé jusqu’à Washington l’an dernier pour y assister, nous avons décidé cette année de tenter notre chance pour faire partie de la 2e édition de ce spectacle. Nous avons donc rédigé ensemble un texte racontant une partie de notre vécu avec le trouble bipolaire. Malheureusement, notre performance n’a pas été retenue. Nous étions déçus… Mais voilà, un grand nombre d’auditions ont été passées et le nombre de participants était limité. Nous avons été informés que le choix final avait été très difficile vu l’excellence de chacune des prestations.
Donc, à défaut de performer à ce spectacle, j’ai décidé de vous partager le texte que nous avons composé. Il n’aura probablement pas autant d’impact que s’il avait été présenté à ce spectacle, mais je crois que ça vaut la peine de le partager à travers mon blogue qui se veut lui aussi un moyen de déstygmatiser la maladie mentale.
Bonne lecture et n’hésitez pas à partager ce billet si vous le voulez!
Double strike
(Gerhard)
She was dragged and pushed against her will. She was forced into the bathroom where a bathtub of cold water, with ice cubes in it, was awaiting her. After they stripped her clothing she was pushed into the bathtub making a loud gasp for air. This was my Mom in 1994 in the midst of a psychotic episode. No one knew what was really going on but this was my extended family’s way of being towards her.
Sometime after the event one of my aunts was recalling how my mom reacted to the cold bath to some other family members, laughing and giggling while doing so. It was all a joke to her. The solution was simple, confess your sins and your will get better!
Fast forward 15 years and I was seeing similar symptoms that of my mom but this time at the bedside of my wife. I could see the fear in her face holding on to my hands not wanting to let go.
(Geneviève)
I reluctantly let go of his hand so he could drive me to the hospital. A few hours later, I was laying in an emergency room bed, nursing my one-month-old baby boy and experiencing inexplicable delusions and hallucinations. My right thigh was aching from what I was convinced was a blood clot. Waves of terror were overwhelming my brain leaving my body shaking uncontrollably. I thought I would die leaving my husband and newborn baby alone. The doctors I was seeing could not really figure out what was wrong with me. They decided to keep me under observation for the night. Around midnight, I started feeling better and sleepy so my husband went home to get a few hours of sleep. Three hours later, I woke up fully rejuvenated. The pain was all gone. The terror was gone. “It’s a miracle! God has healed me!” is what I told the nurse in total awe. “I have so much energy I could run a marathon!” Worried that I would indeed leave the room to start my race, she hid my shoes. Fifteen minutes later, two nurses were by my bed ready to take my baby away from me. I convinced them that I needed to nurse him and that my husband would come shortly. I called him in complete desperation waking him up. My words were racing out my mouth. I was panicking imploring him to come right away so I could keep our baby with me.
When he arrived, I could tell by the look in his face that he was very concerned. He knew. Something was really wrong. Yet all the tests I went through the previous day and in the morning came back negative. I was then told by a doctor to go back home. “You have to tell yourself that it’s in your head. Everything is fine. You’ll be fine” he said. Yes that’s what he told me! Fortunately for us, my midwife had come to see me after talking to my husband on the phone during the night. She could not believe that he wanted to send me home. Thanks to some of her acquaintance at the hospital, she managed to have me stay and be seen by a psychiatrist.
(Gerhard)
Here I was at the hospital with my wife. She was a roller coaster! Happy one minute, crying the other minute. I somehow had a pretty good understanding of what was going on. Growing up in a country where mental health resources were sparingly, my mom was officially diagnosed with Bipolar 10 years after she had her first psychotic episode and several more hospital stays. Back then, I spent time reading up on what Bipolar is and how it affects a person. This was a tremendous help when my wife was diagnosed as having Bipolar a few days after her stay at the hospital.
(Geneviève)
My manic mind was racing. I could hardly concentrate. The serie of words that the psychiatrist had just pronounced were too complex for my brain to grasp. I then asked him to write them on a piece of paper I was intending to keep. It read: Bipolar disorder of postpartum onset with psychotic features. That was my diagnosis. With no symptoms before delivery and no history of mental illness in my family, here I was trying to understand the meaning of my diagnosis that would follow me for the rest of my life. With medication, my husband support, my psychiatrist help and reading about my illness in the months that followed my stay at the hospital, I realized fully what happened to me and came to the point of accepting it. Surprisingly not ashamed of it, I started sharing my experience around me in hopes of helping to reduce the stigma attached to mental illness.
(Gerhard)
Then came my own diagnosis of Bipolar about 3 years after my wife was diagnosed. I learned that my illness had impacted me long before I was aware of it. Mostly because my Bipolar had manifested itself as a moderate high, with some minor depressive episodes, which had been easy to tolerate . I had a lot of ambitions in life and lived an adventurous lifestyle. Soon after we got married, it slowly changed and the episodes became more depressive. It got to the point where I didn’t want to live anymore.
After my diagnosis and two years of trial medications my psychiatrist found the right mix, which for the most part keep my mood stable. I’ve been told that my diagnosis of Bipolar is very likely genetic. The most difficult part was to accept the reality of my diagnosis. At first I did not not want to think of myself as having an illness much less a mental illness. The mere act of having to take medication seemed out of place. I had always thought of myself as being healthy. At first I told my wife not to tell anyone. Between the two of us we talked about it to some degree but even then I was fine with keeping it to myself. In part because of being a chronic introvert :-). I saw a therapist for a while which helped to come to terms with my diagnosis as well.
I don’t know if I ever see myself being a vocal advocate for mental health but when opportunities arise I will tell my story. My mom’s life has had a big impact on me and it makes me realize that everyone struggling with mental illness needs to find a place to be heard and accepted.
(Geneviève)
In sickness and in health we promised to cherish and to love each other. When we pronounced these vows in August 2008 we did not know what the future was holding for us, least of all being diagnosed with the same mental illness. But despite this hardship, we live a stable and productive life. We both are successful in our career. We are proud parents of two wonderful children, our boy and a baby girl born last September. We have learned to recognize and to respect our limits in order to navigate with confidence through the waves of our day to day life. Our mental illness does not define us. We are filling our lives with hope, with dreams and courage to be the best model we can for our kids. We love you Elliot and Teresa!
Dec 24
Ma fille Teresa a déjà trois mois. Trois mois depuis que ce magnifique cadeau de 8 livres et 3 onces est entré dans ma vie m’apportant un lot de petites et de grandes joies au quotidien. Je ne saurais comment l’expliquer clairement mais depuis sa naissance, j’ai l’impression de renaître, comme si les douleurs de mon accouchement naturel m’avaient transformée en une meilleure version de moi-même : je suis tout simplement plus heureuse et je me sens plus épanouie (et ce ne sont pas les symptômes d’un épisode de manie).
À sa naissance, Teresa m’a apporté un précieux paquet de bonheurs qui continue de grandir au quotidien :
– un accouchement naturel, facile et rapide
– une merveilleuse fille (j’aurais aussi été contente avec un garçon mais je souhaitais grandement avoir une fille)
– un équilibre mental au-delà de mes espérances (aucun trouble de l’humeur du post-partum n’est présent jusqu’à maintenant mis à part un peu d’anxiété quelques jours après l’accouchement)
– un mari qui est un bon papa pour ses deux enfants
– Elliot qui aime et apprécie sa petite sœur
– les nombreux sourires de Teresa
– son regard enchanté lorsqu’elle se réveille à mes côtés le matin
– son sommeil paisible quand elle s’endort dans mes bras
– ses exclamations de joie quand elle prend son bain
– ses jasettes après avoir bu au sein
– et j’en passe!
Certes j’ai une panoplie de raisons d’être heureuse mais j’en suis arrivé à croire que l’exercice de gratitude que je pratique maintenant au quotidien doit aussi en être pour quelque chose. Chaque fois que je ressens de la joie que ce soit par les rires de Teresa, les embrassades d’Elliot, les attentions spéciales de mon mari, je fais une pause dans ma tête pour apprécier totalement le moment présent. Je remercie Dieu de m’accorder cet élément particulier de bonheur. C’est d’ailleurs le meilleur antidote pour détruire l’emprise des idées de catastrophes qui pourraient arriver et qui surgissent dans ma tête quand je ressens momentanément une grande joie. Mon bonheur n’a pas à être détruit par celles-ci. Et quand vient le temps du souper, j’ai toujours quelque chose de particulier à nommer pour notre rituel de gratitude qui se déroule avant de manger.
L’équilibre mental que je vis présentement me permet d’apprécier au maximum ce paquet de bonheurs et j’en suis tellement reconnaissante!
Sep 09
La vie nous joue parfois bien des tours. Elle a le don de nous surprendre au détour de la route pour changer nos plans, modifier nos perceptions, nous faire grandir. Depuis 10 ans, j’ai eu mon lot de « surprises » de la vie : divorce, remariage, déménagement en Ontario, poste de conseillère pédagogique, première grossesse, diagnostic de trouble bipolaire. Tous ces événements, porteurs de profondes émotions ont eu un impact majeur dans mon existence. Je ne suis plus la même Geneviève d’il y a 10 ans. J’ai changé pour le mieux même si je dois vivre le reste de mes jours avec une maladie mentale.
Mais la vie avait encore quelque chose en réserve pour moi. Il y a un peu plus de deux ans, mon mari a aussi reçu le diagnostic de trouble bipolaire suite à des variations de son humeur et à un épisode de dépression. Cette maladie mentale étant présente dans sa famille, ce ne fut pas tant une révélation choc dans son cas. Mais l’impact du diagnostic ne fut pas pour autant négligeable. La phase d’acceptation pour lui fut plus longue que la mienne. La stigmatisation rattachée à la maladie mentale l’a davantage affecté. Aujourd’hui, il ne s’en cache plus et tout comme moi, il a à cœur de partager son histoire pour faire disparaître les tabous.
Qui aurait cru, le jour de notre mariage, que le même diagnostic nous attendait, mon mari et moi?
Mais alors que dire des risques que nos enfants reçoivent le même diagnostic? Leur bagage génétique est évidemment prédisposé au trouble bipolaire. N’est-ce pas un peu égoïste, voire irresponsable, de vouloir mettre au monde un enfant qui a des chances de souffrir d’une maladie mentale pour le reste de ses jours?
Notre décision d’avoir un deuxième enfant n’a pas été prise à la légère et c’est en toute connaissance de cause que suite au diagnostic de mon mari nous avons quand même fait le choix d’agrandir notre famille. Va-t-on éviter d’avoir un enfant parce qu’on est diabétique, qu’on est prédisposé à des troubles cardiaques ou à certains cancers? Je ne crois pas. Le trouble bipolaire, ce n’est pas différent : ça se soigne, comme bien d’autres maladies physiques que l’on peut retrouver dans un bagage génétique. En fait, qui d’autres que nous, les parents de nos enfants, sont les mieux placés pour les éduquer par rapport à cette maladie mentale et les épauler s’ils en recevaient le diagnostic?
Dans les bons comme dans les mauvais jours, dans la santé comme dans la maladie… on continue courageusement notre histoire d’amour. Et cette histoire passionnante inclut des enfants. Nos enfants.
Aug 17
Quelques jours après la mort de Robin Williams, Radio-Canada a fait un reportage portant sur le trouble bipolaire. On y retrouve entre autres un très beau témoignage d’une femme qui vit avec cette maladie mentale depuis déjà plusieurs années.
Je vous invite à cliquer sur le lien ci-dessous pour visionner ce reportage dont le but est de briser les tabous entourant cette maladie:
http://ici.radio-canada.ca/widgets/mediaconsole/medianet/7142119#
Bonne écoute!
Aug 15
http://www.143.ch/Fotos/Fotos-GespraechsThemen/Depression
Je dois avouer que le suicide de Robin Williams m’a affectée plus que je ne l’aurais imaginé. À vrai dire, ça m’a bouleversée. Quand nous, qui vivons avec une maladie mentale, découvrons qu’un de nos semblables a été emporté par sa maladie, nous ressentons de la tristesse, mais ce que nous pouvons ressentir le plus, c’est la peur. Après avoir lu la nouvelle sur Facebook et quelques commentaires qui s’y rapportaient, dont certains m’ont carrément déplu (du genre : « Ça prouve une fois de plus que l’argent et la célébrité ne font pas le bonheur »), j’ai eu le réflexe de chercher un article au sujet de Robin Williams qui confirmait qu’il souffrait d’un trouble bipolaire. J’ai rapidement trouvé ce que je cherchais. Je ne m’étais pas trompée : sa maladie mentale, voire son épisode de dépression, a eu raison de lui.
Et c’est là que je me suis revue dans le bureau de mon psychiatre, il y a presque cinq ans. Les larmes aux yeux, l’âme déconfite suite à la pleine compréhension de mon diagnostic, j’écoutais ce dernier tentant de me réconforter. « Plusieurs gens célèbres et accomplis réussissent très bien leur vie malgré leur trouble bipolaire », m’a -t-il dit. Je voulais désespérément le croire. Mais mon cerveau nouvellement médicamenté, encore embrouillé de fragments de manie et de psychose, avait pour le moment bien de la peine à concevoir un retour à ma vie normale. Je voulais avant tout retrouver la Geneviève que j’étais, celle que j’avais perdue pendant plus d’un mois de déséquilibre mental. De retour chez moi, j’ai quand même pris mon ordinateur pour faire mes recherches. Qui étaient ces personnes célèbres qui tout comme moi souffraient d’un trouble bipolaire? J’en ai trouvé plusieurs mais je me souviens très bien que celui qui a le plus retenu mon attention était Robin Williams. J’admirais beaucoup cet acteur et mon admiration pour lui n’a fait qu’augmenter quand j’ai appris qu’il menait un combat semblable au mien. Il y avait donc de l’espoir. Je m’y suis accroché.
Et voilà que mon espérance fut soudainement secouée dès l’instant où j’ai appris son suicide… Les horribles mensonges que la dépression réussit si bien à nous faire croire sont parvenus à le convaincre de mettre un terme à sa vie. « La vie ne vaut plus la peine d’être vécue, je suis un fardeau pour mon entourage, je serais mieux mort, je ne retrouverai plus jamais la joie de vivre, il n’y a plus d’espoir… », tels sont les mensonges qui rongent le cerveau des victimes de la dépression et qui peuvent malheureusement les conduire vers une fin tragique. Lorsqu’on est atteint de profonde dépression, le cerveau peut ne plus être maître de ses pensées et les actions qui en découlent peuvent être fatales. J’ai alors de la misère à croire que le suicide est un véritable choix personnel dans de telles circonstances…
Est-ce que je comprends totalement les raisons qui ont poussé Robin Williams au suicide? Non. En toute honnêteté, je n’ai jamais eu de pensées suicidaires lorsque j’ai traversé mon épisode de dépression quelques mois après mon hospitalisation. J’ai heureusement été soignée rapidement et la médication fut efficace. Mais la dépression m’a quand même fait croire pendant quelques temps que ma vie était moche, bien loin d’être plaisante, et que mon nouveau rôle de mère était tout simplement un fardeau et que je n’étais pas à la hauteur. J’étais anxieuse, préoccupée et épuisée. J’aurais certainement pu descendre plus creux si je n’avais pas reçu les soins nécessaires et le soutien de mon entourage. J’aurais pu croire d’autres mensonges bien plus lourds de conséquences…
C’est cela qui m’a bouleversée. Cette pensée d’être un jour arnaquée par mon propre cerveau sous l’emprise de la dépression. D’être hantée par des pensées suicidaires et de passer à l’action, comme l’a fait Robin Williams. Qu’est-ce qui me garantit à 100% que ce n’est pas le même sort qui m’attend un de ces jours?
Mais soyez rassurés, je me sens beaucoup mieux maintenant. La lecture de plusieurs textes rédigés par mes semblables sur les réseaux sociaux et les discussions avec mon mari m’ont encouragée. Voici d’ailleurs un extrait d’un billet rédigé par Glennon Doyle Melton (http://momastery.com/blog/) et qui décrit bien la réponse que l’on doit donner à cette maudite menteuse qu’est la dépression :
“Here is the truth we yell back at the monster: LIAR!!! THERE IS HOPE. IT WILL GET BETTER. IT IS NOT PITCH BLACK NOW. THERE IS LIGHT AND THAT LIGHT IS THE KNOWLEDGE THAT IF I WAIT WELL, YOU WILL TIRE AND MOVE ON. I CAN WAIT YOU OUT BECAUSE YOU ARE SCARIER BUT I AM STRONGER. Not dying is sometimes just a matter of waiting the monster out.”
Enfin, pour mieux comprendre ce qu’est la dépression et pour avoir des conseils sur la façon d’aider un proche qui en souffre, je vous invite à visionner cette courte vidéo qui décrit merveilleusement le tout (malheureusement, seulement en anglais) :
http://www.upworthy.com/in-response-to-robin-williams-death-the-most-powerful-description-of-depression-ive-ever-heard?g=2&c=upw1
Il y a encore de l’espoir.
Aug 02
Un autre chapitre de mon livre est enfin complété (chapitre 11). Pour le lire, vous n’avez qu’à cliquer sur “Chapitre 11” dans le menu “Mon livre”. Bonne lecture!
Jul 23
Samedi dernier, mon mari et moi sommes allés visiter le département des naissances à l’hôpital où j’accoucherai. Comme ce n’est pas le même hôpital où s’est déroulé mon premier accouchement, je tenais grandement à visiter les lieux afin de me faire une idée de l’environnement où j’accoucherai en compagnie de mon équipe de sages-femmes.
Mon mari a bien apprécié la visite remarquant entre autres que les chambres sont plus accueillantes que celle dans laquelle j’ai donné naissance à notre fils. J’ai moi-même remarqué la présence d’un divan et d’un fauteuil qui seront certainement plus confortables que le seul fauteuil, raide, sur lequel mon mari avait eu bien du mal à somnoler pendant un moment plus tranquille de mon accouchement.
Or, bien que je crois que ce département des naissances semble bien organisé, j’ai eu bien du mal à apprécier la visite. Sans que je m’y en attende, j’ai passé la majeure partie du temps à refouler des larmes qui auraient sûrement jailli si ça n’avait pas été de la présence d’autres couples qui participaient à la même visite.
Les yeux embués, j’inspectais les lieux en m’y sentant à la fois bien étrangère mais aussi trop familière. Le lit d’hôpital, l’équipement médical, la station des infirmières, les écrans de monitorage, la vague impression d’être détachée de la réalité… Les lieux et l’atmosphère du moment étaient bien différents mais ils me rappelaient trop bien mon expérience laborieuse d’accouchement et mon hospitalisation un mois plus tard. De pénibles souvenirs entremêlés surgissaient par flash sans crier gare : la douleur extrême des contractions, les crises de panique, la poussée interminable, les délires psychotiques, l’évanouissement, le sentiment d’impuissance, etc. Je fus presque soulagée lorsque la visite prit fin.
J’ai passé le reste de la journée à refouler les émotions que je n’arrivais pas vraiment à m’expliquer. Je n’osais pas en parler avec mon mari ne sachant comment lui expliquer ce que je ressentais. J’avais pourtant hâte à cette visite alors pourquoi cette sensation de grisaille me prenait-elle d’assaut? Je pensais pourtant avoir fait la paix avec mes souvenirs hospitaliers douloureux.
À l’heure du coucher, j’ai finalement partagé mon malaise avec lui. À travers mes larmes et les questions qu’il me posait, j’ai réalisé la source de mon malaise : la peur. Peur de quoi? Peur des contractions et de l’accouchement, peur d’un autre épisode de psychose, peur de perdre le contrôle et le contact avec la réalité, peur des réactions subtiles de mon propre cerveau, peur de l’inconnu. Depuis le début de ma grossesse et même avant, j’ai choisi de mettre le focus sur l’espoir envisageant ainsi une expérience positive d’accouchement et de post-partum. Sans nier le fait que certains risques de complications et de rechute soient présents, j’ai misé jusqu’à maintenant sur l’expertise de mes sages-femmes, de mon psychiatre et de mon mari pour me rassurer. J’ai laissé peu de place à l’expression de mes inquiétudes en choisissant de me montrer forte et optimiste. Mais ce soir-là, j’ai réalisé que j’avais beaucoup plus peur que je n’osais me l’avouer. Le fait de pourvoir en parler ouvertement à mon mari m’a fait du bien et m’a permis de commencer à entrevoir l’environnement hospitalier d’un meilleur œil.
Avant de m’endormir, je suis tombée sur un blogue parlant justement de la peur. L’auteure affirmait qu’elle arrivait maintenant à mieux contrôler ses craintes reliées aux événements futurs en se concentrant sur le moment présent. Un jour à la fois, un moment à la fois. Ce conseil est arrivé à point et m’a fait du bien. Oui, je ressens encore des inquiétudes et je ne les renie pas mais j’essaie maintenant d’amasser davantage de bons souvenirs des instants présents que d’accumuler des peurs sur un avenir que je ne peux de toute façon pas manipuler à ma guise.
Jul 15
31e semaine de grossesse. Un grand changement depuis le dernier billet que j’ai écrit au mois de décembre. Après plus d’un an d’essais et un suivi de quelques mois à la clinique de fertilité, une nouvelle vie s’est installée en moi. Nous attendons donc la venue de notre deuxième enfant dans deux mois, aux alentours du 12 septembre.
De toute évidence, nous le désirons, cet enfant, tout comme Elliot qui demande depuis déjà bien longtemps une petite sœur (on verra bien; ce sera une surprise à la naissance). Mais nous sommes bien conscients également des risques assez élevés (jusqu’à 50%) d’une rechute au niveau de ma santé mentale après la naissance de notre bébé, que ce soit dû à une psychose du post-partum ou à un épisode bipolaire (manie ou dépression). Ce qui nous rassure, c’est que nous connaissons maintenant très bien les symptômes de ces troubles et que mon psychiatre suivra ma condition de près, ajustant ma dose de médicament au besoin. Nous avons aussi un plan de soutien pour les semaines suivant mon accouchement pour nous assurer que je me repose suffisamment évitant ainsi le manque de sommeil marqué qui pourrait occasionner un épisode de manie.
Dans l’ensemble, j’ai espoir que tout se passera bien mais je ressens quand même parfois des inquiétudes à ce sujet. Normal, j’imagine, puisque je ne veux certainement pas revivre les affreux moments que j’ai traversés après la naissance d’Elliot. J’essaie donc de me concentrer sur une expérience future positive plutôt que de m’attarder à de pénibles souvenirs. Vaut mieux garder espoir.
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